Frère Jacques

Publié le par Jean-Paul Delpuech


Parce que ce papier m'a plu, et qu'il plaira à beaucoup des téléspectateurs d'"On ne peut pas plaire à tout le monde",
voici le bel "émile" de mon amie Maria Poumier pour notre frère Jacques

Frère Jacques,

Hier soir, frère Jacques, vous étiez invité à la télèvision publique par Fogiel et Carlier.
On savait bien, depuis l'affaire Dieudonné, qu'il s'agissait pour eux de faire,
une fois de plus, un carton sur un antisioniste populaire.
Ils ont plus d'un tour dans leur sac, le chérubin et le crapaud complice: on vous a réglé votre compte dès les premières minutes, en vous cadrant dans la catégorie pédés, pédophiles, exhibitionnistes et pornographes, synonymes pour eux de gens d'église.
Le bulldozer est passé sur votre âme, tandis que vous en étiez encore à vous demander: mais quand est-ce qu'ils vont me laisser parler?????

Frère Jacques, en vous humiliant hier, c'est tous les gens qui vous respectent qui ont été offensés ; vous êtes issus d'une famille confite en dévotions depuis des générations, et qui de ce fait, incarne la tendance conservatrice dans l'Eglise, dont une des fonctions est, effectivement, d'être le conservatoire des choses sacrées de notre civilisation, face aux multiples armes de destruction massive que le monde marchand utilise pour nous réduire à la condition de robots consommateurs.
Connaissant de l'intérieur les oeillières et les carences qui accompagnent forcément le souci exclusif de la conservation des biens, vous vous êtes senti appelé à équilibrer le bateau en détresse, par votre vécu personnel de la souffrance de l'âme et du corps.
Cela vous amène à épouser la cause des pauvres qui manquent de pain, de toit, de patrie, de toute reconnaissance. Gloire à l'évêque des squatts d'Africains chargés d'enfants.
Vous connaissez le désespoir des femmes poussées à l'avortement, alors qu'elles savent qu'elles sont par dessus tout porteuses de vie ; la famille, la loi, la bienséance, la peur du lendemain, la science, les progrès de la technologie, tout dans notre enfer moderne les pousse à se vomir elles-mêmes, à sacrifier le fruit de leurs entrailles; et vous témoignez pour elles, dans vos livres.
Vous connaissez l'égarement atroce et les délires de ceux en qui le sexe étouffé veut prendre le pouvoir et à son tour étouffer tout le reste; et vous défendez, au péril de votre réputation, les victimes du sexe, de la perversion des choses de l'amour, et de la répression extérieure, qui aggrave leur malheur.

Vous avez fait des pèlerinages en Palestine occupée, parce que vous savez que c'est là que l'Occident accomplit son crime parfait, en laissant la terre d'Abraham, de Moïse et de Jésus aux mains d'une petite clique impitoyable, qui veut en déraciner sa population comme elle arrache ses oliviers centenaires, et qui ne recule devant aucun assassinat, aucune destruction de la nature, aucune provocation à la guerre mondiale.

Frère Jacques, hier nous avons reconnu dans votre humiliation la nôtre,
celle de nous tous qui savons que l'Esprit peut venir à bout de l'Adversaire hideux, et du Simulateur charmant. C'est toute l'Eglise qu'ils veulent arracher de France, cette Eglise qui vous offre de vous réenraciner à Lyon, après vous avoir permis de connaître la traversée du désert, dans le mythologique et salutaire exil de Parténia. Cette Eglise sait qu'elle a besoin de sa droite et de sa gauche, de ceux qui la consolident en cultivant la tradition sacrée, et de ceux qui la vitalisent en inventant les nouvelles modalités de la charité.
Cette Eglise sait que vous êtes le plus aimé des religieux chrétiens parmi les musulmans de France. Elle sait que les musulmans sont actuellement notre réserve de foi en Dieu, en l'homme et en l'Esprit qui permet leur rencontre. Cela, tous les honnêtes gens le savent, que cela leur plaise ou non. C'est pourquoi cette Eglise s'est ressaisie, et travaille à sa réunification, tant à l'intérieur qu'avec les autres variantes régionales de la religion de l'Europe.
Il ne nous reste plus à convaincre que les agnostiques, ceux qui ne sont pas sûrs que Dieu existe, qui ne veulent pas croire que Dieu a tous les jours, partout, des prophètes par qui il s'exprime et nous soutient, qui ne sont pas sûrs, pourtant, d'être capables à leur tour de le servir. Jean Genet, comme vous souffrant, populaire et possédé par le sens du présent, comme vous objet de convoitise pour les manipulateurs qui veulent inverser le sens de votre recherche, a su isoler la parabole qui convient en ces jours au climat brouillé:
"H me présenta sa mère, c'était l'époque du Ramadan. Quand je lui dis que je n'étais pas musulman, et que je ne croyais même pas en Dieu, elle me regarda sans stupeur et sans dédain. C'était presque midi. "S'il ne croit pas en Dieu, il faut lui donner quelque chose à manger". Elle prépara un repas. Le fait que je sois un mécréant au beau milieu du Ramadan lui avait fourni la réponse: le déjeuner. Elle, elle ne mangea qu'après six heures, le soir"
Le repas dont l'agnostique, le touriste normal, l'Occidental moderne moyen a besoin, c'est vous qui le leur donnez, vous l'évêque le plus proche de la misère matérielle et spirituelle de notre temps. Les mécréants les plus endurcis ont été choqués de vous voir servir en pâture aux profanateurs officiels de notre télèvision d'Etat. Hier, on vous a fait toucher le fond de l'humiliation. Mais tout le monde a reconnu, dans ce spectacle honteux, sa propre dignité bafouée. Aujourd'hui, grâce à votre patience, nous y voyons plus clair.
Frère Jacques Gaillot, vous incarnez le respect pour les humiliés.
Merci d'être encore plus, désormais, l'évêque des damnés de la terre, des sans papiers, des sans-voix, des affamés et des diffamés.





Publié dans Israël-Palestine

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article