Le Droit, à qui de droit, sur le parvis des droits de l'homme

Publié le par Jean-Paul Delpuech

Trocadéro, samedi 2 avril sous le plein soleil d'une caravane en partance pour acheminer au Proche Orient, à qui de droit, le Droit.

Flottent ce matin au vent de l'espoir et claquent à la face du monde drapeaux et banniéres ensoleillés!
Je salue Jacques Gaillot, qui nous offre comme dabe l'amitié discrète de sa présence à nos côtés. Celui-là n'a d'élimé que le costume de son vieux complet; ce petit bout d'homme errant sur l'immense parvis symbolise et ressuscite à lui tout seul les lettres de droits bafoués mais gravés dans les dalles de marbre que nous foulons.
Les foultitudes moutonnières des touristes en goguette photographient frénètiquement la vieille dame d'Effel, en japonais, et jactent en Amerloque.
Ici, en cette radieuse matinée, semblent avoir été convoqués tous les possibles!
Et puis, et puis il y a soudain l'irruption ce goupe compact de jeunes et sombres individus masqués, avec, dégoulinant de leurs casques, la haine primale, signature de la jeunesse du Taggar et du Bétar. Ces preux adeptes de la barre de fer sont isolés par quelques uns de nos gardes républicains.
Leur présence rappelle pourtant que les régime autocrates et théocrates du petit génèral sans frontières et de son protecteur pentagonesque font chaque jour un peu plus d'émules.
Où sont les tulipes holywoodiennes, les oeillets portugais, les roses françaises?
Je ne vois plus à présent éclore en ce printemps radieux qu'un frustre garçon vacher et son coquain copain charogniard qui tiennent le monde sous leur immonde férule!
Le vent qui balaie le parvis m'envoie les appels au secours de mes amis palestiniens, qui annoncent déjà le prochain massacre à venir ces jours prochains, celui de colons fous envahissant par les armes l'esplanade de la Mosquée!
La question palestinienne, même ici, illustre au quotidien les tentatives totalitaires d'un hypnotisant nécro-libéralisme qui, en apportant son soutien manifeste aux Israéliens, reste dans le droit fil de son impérial désir de réduire la planète et sa démocratie à une nouvelle forme de féodalité.
Le marbre des pavés du parvis de ce palais ont usé les semelles de bien des militants des droits universels de l'homme, mes amis citoyens casques bleus investissent sans relâche ce lieu et d'autres chaque semaine depuis des mois, depuis le début de cette enthousiasmante campagne Stop the wall.
Eux et beaucoup d'autres collectent par tous les temps, par milliers, ces signatures qui, seules, permettent à cette pétition de vivre, de se développer, d'aboutir enfin..
Mais où se terrent les incontournables relais medias?
C'est décidé, nous, pauvres croisés du droit international, nous partirons, avec ou sans nos riches dirigeants
Je relis, pour m'en convaincre à nouveau, cette déclaration de Mahmoud Darwish, qui m'avait déjà déterminé, en juillet 2002,  à partir une nouvelle fois vers cette terre promise et maudite, à aller m'embastiller volontairement aux côtés de Yasser Arafat assiégé dans les ruines de la Muquata'a, dans Ramallah sous couvre feux.

"Votre visite courageuse pendant ce siège monstrueux est une façon de rompre le siège. Votre présence ici brise notre sentiment d'isolement. Avec vous, nous nous rendons compte que la conscience internationale, dont vous êtes les honorables représentants, vit encore, qu'elle est capable de protester et de prendre le parti de la justice. Vous nous donnez l'assurance de votre rôle important à jouer dans la lutte pour la liberté et le combat contre le racisme.
Je sais que les maîtres des mots n'ont nul besoin de rhétorique devant l'éloquence du sang. C'est pourquoi nos mots seront aussi simples que nos droits: nous sommes nés sur cette terre et de cette terre. Nous n'avons pas connu d'autre mère, pas connu d'autre langue maternelle que la sienne. Et lorsque nous avons compris qu'elle porte trop d'histoire et trop de prophètes, nous avons su que le pluralisme est un espace qui embrasse largement et non une cellule de prison, que personne n'a de monopole sur terre, sur Dieu, sur la mémoire. Nous savons aussi que l'histoire ne peut se targuer ni d'équité, ni d'élégance. Notre tâche pourtant, en tant qu'humains, est d'humaniser cette histoire dont nous sommes simultanément les victimes et le produit. Il n'est rien de plus manifeste que la vérité palestinienne et la légitimité palestinienne: ce pays est le nôtre, et cette petite partie est une partie de notre terre natale, une terre natale réelle et point mythique. Cette occupation est une occupation étrangère qui ne peut échapper à l'acception universelle du mot occupation, quel que soit le nombre de titres de droits divins qu'elle invoque; Dieu n'est la propriété personnelle de personne.
Nous avons accepté les solutions politiques fondées sur le partage de la vie sur cette terre, dans le cadre de deux états pour deux peuples. Nous ne réclamons que notre droit à une vie normale, à l'intérieur des frontières d'un état indépendant, sur la terre occupée depuis 1967, dont Jérusalem Est, notre droit à une solution équitable du problème des réfugiés, à la fin de l'installation de colonies. C'est la seule voix réaliste vers la paix qui mettra un terme au cercle vicieux du bain de sang. L'état de nos affaires est d'une grande évidence, il ne s'agit pas d'une lutte entre deux existences, comme aimerait le montrer le gouvernement israélien: eux ou nous. La question est d'en finir avec une occupation. La résistance à l'occupation n'est pas seulement un droit. C'est un devoir humain et national qui fait passer de l'esclavage à la liberté. Le chemin le plus court pour éviter d'autres désastres et accéder à la paix est de libérer les Palestiniens de l'occupation, et de libérer la société israélienne de l'illusion d'un contrôle exercé sur un autre peuple.
L'occupation ne se contente pas de nous priver des conditions élémentaires de la liberté, elle va jusqu'à nous priver de l'essentiel même d'une vie humaine digne, en déclarant la guerre permanente à nos corps et à nos rêves, aux personnes, aux maisons, aux arbres, en commettant des crimes de guerre. Elle ne nous promet rien de mieux que l'apartheid et la capacité du glaive à vaincre l'âme. Mais nous souffrons d'un mal incurable qui s'appelle l'espoir. Espoir de libération et d'indépendance. Espoir d'une vie normale où nos enfants ne seront ni héros, ni victimes.
Espoir de voir nos enfants aller à l'école sans danger. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d'amour et de paix.
Merci de porter avec nous le fardeau de cet espoir."
Mahmoud Darwish. 25 mars 2002

Nous sommes déjà nombreux, nous ne serons jamais trop nombreux, il est encore temps pour vous  de prévoir pour juillet d'autres vacances, plus utiles,
grossissez  nos rangs, REJOIGNEZ-NOUS
accrochez votre véhicule à notre caravane du droit. Départ pour Jérusalem, à partir de Strasbourg, le 4 juillet 2005.

http://caravane.palestine@free.fr

Publié dans Israël-Palestine

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